Les Editions de l'Avenue

Association culturelle littéraire

L'édit mots

Littérature jeunesse > ISBN : 978-2-916684-12-3

[...]

Une voiture attira l'attention de Fernando, neuve, couleur bleu noir, sans plaque d'immatriculation. Elle s'arrêta à l'entrée du parc et attendit. Deux minutes plus tard, un homme plutôt étrange en descendit. Il était bizarrement habillé, avec des vêtements de couleurs très voyantes, il portait un bonnet rouge qui cachait en partie sa longue chevelure. Il ressemblait à un fou : sale, très étrange, du genre vétilleux. Il traversa la rue sans même regarder si une voiture arrivait, les bras repliés sur son torse et avec une démarche étrange. Il entra dans le parc, passa devant Fernando sans lui prêter attention. Il s'avança vers la jeune femme, sortit un chiffon d'une de ses poches et attendit. Il avait l'air hésitant. Tout à coup, il se jeta sur la jeune femme, l'immobilisa tout en lui plaquant le chiffon sur le visage. La jeune femme se réveilla et voulut pousser un cri qui se perdit dans le chiffon collé à sa bouche. Elle se débattit pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que le produit dont était imbibé le chiffon, fasse effet et qu'elle s'immobilise. L'homme au bonnet se releva, le sourire aux lèvres. Au même instant, deux hommes sortirent de la voiture garée à l'entrée du parc, se pressèrent vers la jeune femme étendue, la soulevèrent et l'emmenèrent dans la voiture qui démarra. Fernando avait assisté à toute la scène. Il se leva troublé ne sachant que faire. Il abhorrait ces hommes qui venaient de kidnapper cette femme. Il fit quelques pas en direction de la sortie dans l'espoir de trouver quelqu'un qui puisse l'aider lorsqu'il reçut un coup sec sur la nuque. Sa vision se troubla puis il s'effondra. Ses derniers souvenirs furent les aboiements de son chien, puis le noir total.
Lorsqu'il se réveilla, il se trouvait dans une pièce plongée dans le noir. Il faisait froid et il avait une douleur atroce dans le cou. Où était-il ? Avait-il quitté la ville ? Qui étaient ces hommes qui avaient enlevé cette jeune femme ? Et surtout, pourquoi ?
Soudain, il entendit une étrange mélopée provenant de la pénombre.
– Il y a quelqu'un ? parvint-il à articuler.
Le chant s'arrêta, puis reprit.
– Qui est là ? répéta Fernando.
A peine avait-il fini sa phrase que la porte s'ouvrit et la lumière éclaira la pièce. Fernando vit alors qu'il n'était pas seul à être emprisonné, la jeune femme du parc était là assise contre un des murs délabrés. C'était elle qui chantait. Elle était dans un piteux état, tout comme lui.
L'homme qui avait ouvert la porte rentra, Fernando reconnut l'homme au bonnet qui avait attaqué la jeune femme, il s'avança vers elle, la souleva par le bras et l'entraîna vers la sortie. La porte claqua. La pièce retomba dans le noir. Fernando perçut des voix derrière la porte, sûrement des Polonais, Chicago en était rempli. Soudain, la porte se rouvrit, l'homme au bonnet réapparut et empoigna Fernando, le tira vers la lumière et referma la porte. Il fit asseoir Fernando sur une chaise, à côté de la jeune femme, en face d'une table. Fernando eut de la peine à ouvrir les yeux à cause de la lumière. Il se trouvait dans un long couloir au bout duquel une porte s'ouvrit pour laisser paraître un grand homme compassé. Il s'avança avec une attitude hiératique. Il s'arrêta à hauteur de la table derrière laquelle Fernando et la jeune femme attendaient, terrorisés.
– Merci Aleksander, dit-il à l'attention de l'homme au bonnet.
Aleksander sourit puis marmonna dans sa barbe. Il parlait sûrement tout seul, c'était lui que j'avais entendu tout à l'heure, pensa Fernando. Aleksander, un nom typiquement polonais.
– Je n'ai pas besoin de vous dire de m'écouter, reprit l'inconnu avec prétérition. Je m'appelle Vladimir et je suis votre nouveau patron, continua-t-il dans un anglais parfait. Vous allez dorénavant travailler pour moi. Comme mes activités ont le don d'ubiquité, si vous voyez ce que je veux dire, je voudrais, j'exige, que vous transportiez ma marchandise en Europe, marchandise illégale comme vous vous en doutez : drogues, armes… Mais bon, ne rentrons pas dans les détails maintenant, vous aurez tout le temps de comprendre plus tard…
– Voilà l'histoire, à vous maintenant, dit-il en sortant un écritoire d'un tiroir de la table. Il griffonna quelques mots tout en continuant de regarder Fernando et la jeune femme, puis il rangea le tout où il l'avait pris.

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